La vie est un jeu, n’est-ce pas ? Le but est de parvenir à maîtriser sa destinée sans qu’une ombre malsaine vienne s’y ajouter dans ce tableau si idyllique, mais qui peut vous emmener jusqu’aux portes des Enfers. Depuis ma naissance, la souffrance comme la mort n’ont jamais pu m’atteindre. La vie n’a aucun sens, le vin n’a aucun goût. Les aliments me répugnent et il semblait que je n’avais aucune raison de vivre. Faux ! Lorsque j’ai poussé mon premier cri, mes mains étaient déjà tâchées de sang, de cadavres, d’histoires sanglantes. Je ne suis pas comme tout le monde, je n’ai jamais été comme tout le monde, je ne le serais jamais. J’ai l’impression que ma naissance remonte à des millénaires et pourtant… Je suis bien né au courant du dix-neuvième siècle. Surprenant ? Non, j’ai juste eu cet atout que très peu de personnes ne possèdent, ou seuls, quelques braves qui ont supportés cette idée. Je suis né avec les canines aiguisées, toujours assoiffé et influencé par la lueur de la pleine lune.

Vous devez sans doute vous demandez comment suis-je parvenu à vivre durant toutes ses si longues et pénibles journées, non ? Des jours, des mois, des années. Une éternité. C’est à croire que je me suis lié d’une morbide amitié avec la mort puisque celle-ci me refusera, sauf si je tiens vraiment à me laisser comme dépouille sur un trottoir. Tous les quatre-vingt ans, il faudrait que je me réinvente une identité, une nouvelle histoire, une nouvelle vie. J’essaye de me satisfaire à chaque fois, mais tout redevient comme mes « vies précédentes » et je finis par être à court d’idées. Ce rythme peut paraître être une longue et douce torture lorsque vous ne parvenez plus à vous occuper un minimum. Depuis bien trop longtemps, je prends le temps d’observer les gens. Je les vois grandir, je les vois mûrir, je les vois vivre puis mourir. J’ai vu de nombreuses générations et chacune changent.

Séoul, cette ville a toujours détenue ma vie entre ses mains. J’ai eu cette chance de pouvoir faire le tour du monde, une ou deux fois, peut-être. Je ne me souviens plus très bien. Ma famille appartenait à une sorte de noblesse dont je ne compris jamais le sens. D’ailleurs, je ne sais toujours pas ce qu’ils peuvent bien faire comme travaille pour s’enrichir un peu plus à chaque minutes. Mes parents ? Oui, ils sont toujours en vie, cependant, ils ont préférés continuer leur destiné un peu plus loin, ailleurs. En Europe. Je suis resté là. À l’époque, l’Europe ne m’avait pas réjouit et j’avais préféré rester sur les terres de mes racines et je le vis toujours bien aujourd’hui. Si un jour, tout cela vient à me donner la nausée, je ne me prive pas pour aller faire un petit tour ailleurs durant quelques mois. Après tout, tout cela m’est possible avec aisance.

Mais en ce moment, je m’occupe d’une façon bien particulière. Je m‘amuse en jouant de mon charme. J’aime faire espérer, ça me fais sourire. En abusant d’une gentillesse, ça me rend heureux. Des petits riens. Je peux passer pour une être diabolique, mais il faut bien savoir tout accepter et tout prendre pour vivre d’une quelconque manière puisque tout m’est permit. C’est tellement plus amusant de lire dans les pensées d’une délicieuse demoiselle avant qu’elle ne termine sa vie entre mes crocs. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de transformer quelqu’un. Je suis un solitaire jusqu’au bout des ongles et agir de la sorte viendrait à ce que cette personne vienne à me suivre comme un petit chien et je ne le supporterais pas.