On notera tout comme pour son frère, un désintérêt profond pour tout ce qui touche l'histoire; tout du moins, sa propre histoire. Bien qu'il soit plus narcissique et un brin plus arrogant que ce dernier, Jung Wan n'a jamais été suffisamment prétentieux pour vouloir déblayer sa vie aux plus curieux. Selon lui, une vie humaine vaut bien plus qu'une vie comme la sienne ; éternelle mais si terne puisque trop facile. Il n'irait pas non plus jusqu'à sacrifier son immortalité pour goûter à la mort – pas à seulement quarante année d'existence – mais il ne serait pas étonnant de l'imaginer se morfondre dans son coin au bout d'un demi-siècle, si ce n'est plus. Une vie seul et solitaire en soi, n'a rien d'enviable. Pourtant, le vampire est très loin de l'être. En surface disons. En plus de son propre jumeau, il connaît rarement le calme et la tranquillité et il fait parti de ces personnes qui, bien que constamment entourés, se sentent éperdument seul. Lim Jung Wan est donc un né vampire, un 27 mai 1972 dans la capitale de la Corée-du-Sud. A partir de là, le récit d'un conte incroyablement palpitant en ferait certainement rêver plus d'une, pour peu d'être une fanatique des vampires et une groupie de ce cher Edward Cullen. Malheureusement pour ces jeunes midinettes, aucun des deux frères ne sauraient répondre à leur attente... Car en effet, son propre clone l'avait rapidement suivi. Sei Wong ne lui ressemblait pas seulement physiquement. Intérieurement ils étaient presque les même. Autant de ressemblances et de perfections continuaient encore d'en dérouter plus d'un. C'est cette ressemblance en tous points qui rendait la relation de ces deux êtres immortels aussi solide que nuisible. Pendant longtemps Jung Wan ne supporta pas son propre frère. Il n'était rien de plus qu'une pale copie de lui... En mieux ou en moins; cela dépendait de l'opinion des gens. Ce qui l'agaçait plus que tout était cette manie de vouloir les différencier et les comparer l'un à l'autre. Penser qu'il pouvait être inférieur à son cadet était pour lui comme une insulte. Il ne le détestait pas, loin de là. Mais par moment, la cohabitation était compliquée et bien évidemment les sentiments du plus jeune était identique aux siens. La présence du second lui rappelait toujours qu'il n'était pas quelqu'un d'unique. Qu'il ne le serait d'ailleurs jamais. Que durant toute une vie immortelle, il ne serait rien de plus qu'un clone. Un clone frustré, sans but ni conviction dans la vie. Car après tout, de quoi pouvait-il diable se soucier puisque ni la maladie, ni la vieillesse, ni la mort ne l'emporterait un jour ?

Son frère donc, il le méprise peut-être tout aussi fort qu'il se méprise lui-même. Car malgré la jalousie, la tension et leurs nombreuses disputes, il sait éperdument qu'il ne pourrait à aucun moment se passer de sa présence. Identiques et à la fois tellement contradictoires. On pourrait dire la même chose de leurs caractères et affirmer que les apparences sont parfois bien trompeuses. A première vue, Jung Wan paraît froid en surface mais il est beaucoup plus tendre à l'intérieur, pour peu que la personne arrive à briser cette image d'une personne peu sociable comme il aime se donner. En fait, c'est en examinant leurs réactions que l'on se rend compte qu'ils sont plus différents qu'ils n'y paraît. Wan est beaucoup plus faux que son cadet, pour ne pas dire hypocrite aux premiers abords. Son antipathie est juste un genre qu'il se donne. Le côté froid et inaccessible est donc un simple leurre... voir un jeu, selon son humeur. La vérité, c'est qu'il est beaucoup plus ouvert que Sei Wong. Pas énormément non plus, mais cette maigre différence est visible. Le soucis avec Jung Wan, c'est qu'il se croit tout permis. Il n'a pas peur des représailles, n'a pas peur de prendre des risques, de foncer tête baissée. C'est un impulsif de nature et il ne manquera jamais d'assurance, quitte à se surestimer ! Cette attitude lui permet en quelque sorte de se démarquer de son frère – même si le but origine n'est pas de là, ça reste un fait – il ne s'attirera pas simplement l'admiration et la sympathique d'autrui. Rare sont les personnes indifférentes à son charme et à son tempérament fort. Même si une petite partie en lui jalouse le fait que Sei Wong soit plus populaire, il ne regrette en rien ses choix et ses fondements. Il n'estime n'avoir rien à envier aux idoles, dénués d’intelligence, la plupart du temps complétement inculte et qui ne gagnent leur vie que par le biais de leur physique. Non pas qu'il considère son frère comme tel – ça serait encore une fois une insulte vis-à-vis de lui – cependant, il ne se gêne nullement pour le lui faire savoir de temps à autre. Par humour dirons-nous, car taquiner semble un mot bien trop « proche » selon lui. Même si au fond, il apprécie son frère plus qu'il ne le veut lui-même, il ne le laissera jamais savoir concrètement ! On pourrait le penser insensible et même cruel avec ce dernier, mais son double et lui agissent et pensent sans aucune doute de la même manière. Il n'y a rien, au fond, que Jung Wan ne ferait pas pour lui. Même si ça le fait terriblement chier, même s'il va parfois jusqu'à recourir aux poings, son frère est probablement toute sa vie. Son autre lui, qu'il aime et qu'il déteste à la fois.

Pour en revenir à son existence supposée fabuleuse, Jung Wan vous rira volontiers au nez ! Non franchement, les quarante années qu'il se traine n'ont rien de plus palpitantes que la vie de vos propres darons ! Il certifiera tout comme ces derniers, que cette époque était sans aucune hésitation la meilleure. Plus il avance dans l'âge, et moins ce monde le fascine. Il faut dire qu'en quarante ans, le monde a rapidement évolué et défilé sous ses yeux. Rien n'est probablement plus déplorable que le style musical de ces dernières années ! Il n'est absolument pas tolérant en matière de musique dite moderne, et encore moins envers la kpop qu'il dénigre au plus profond de son être. Entre ça et les célébrités dénués de talents, il en vient à se demander si ce qui l'attend dans les années à venir en vaut vraiment la chandelle. Outre l'univers musical, la mentalité actuelle des gens l'interpelle aussi de façon générale. Figé dans un corps de vingt-trois ans, Jung Wan se voit quasi contraint de côtoyer les nouvelles générations qui le rattrape à la croisée du temps. Plus ça va, et moins il supporte la race humaine. A vrai dire, il ne se soucierait guère de ces derniers s'il n'était pas végétarien. Le sang humain, il n'y a même jamais goûté. Pas de sa mémoire en tout cas. Depuis sa naissance, on lui a toujours imposé un régime strict en la matière, ce qui fait qu'il n'a jamais ressenti le besoin de goûter au fruit défendu. Dire qu'il n'y a jamais pensé aurait été un gros mensonge, mais cela ne l'a jamais intéressé car avec le temps, il s'était habitué au sang des animaux. Le sang des pumas est selon lui ce qu'il y a de meilleur ; mais on ne peut pas dire qu'il se le permet souvent, seulement pour les occasions qui se fêtent dirons-nous. Wan n'a donc pas énormément d'amis humains. Ceux de sa génération si on peut dire, le laisse quelque peu septique. En règle générale, il s'attache peu aux personnes qu'il côtoie. La plupart de ses « proches » sont simplement de passage, parce qu'il ne fait rien pour les retenir et ne cherche pas non plus à s'intégrer dans la vie des autres. Il ne peut pas se le permettre, car rester plusieurs longues années en contact avec des gens était une chose. Il ne pourrait cependant pas expliquer la raison pour laquelle il ne vieillit pas. Au risque de faire naître des soupçons, il s'adonne plutôt à un rôle avec ces derniers. Auprès d'eux, il ne serait rien de plus qu'une passade, un souvenir dans le futur. Ses véritables amis, on les retrouve parmi les siens, parmi ceux qui sont damnés par la même funeste réalité. Et dire que nombreux humains rêvent d'une vie éternelle... Encore une fois ces derniers sont bien trop avares ou bien trop ignorants. Car ce genre de vie n'a franchement rien d'enviable. Mais peut-être faut-il être à la place d'un vampire pour le comprendre réellement ?