« Je t'aime, tu es l'étoile qui me guide dans le noir. la flamme qui me réchauffe dans le froid. Je n'ai besoin que de toi pour vivre. Tu es le témoin de mes envies. »

Tant de mots doux quittaient ses lèvres. Bercée par cette amour, la jeune femme en fut aveuglé. Elle voyait en lui l'homme parfait, le prince d'un conte de fée. Ses sourires étaient sa seule raison de vivre. Ses paroles étaient telle une main tendue, la secourant de son monde en ruine. La personne tombé à pique. La personne qui l'a rendu ivre. Le début d'une histoire où la haine et la peur n'avaient sa place. Elle buvait ses mots, elle se noyait dans sa tendresse. Et lui, fière et heureux, il lui vendait un rêve. Elle était pour lui sa douce dulcinée, elle était ce soleil rayonnant dans un ciel immaculé. D'un bleu saphir aux reflets diamants. Un récit qui commence toujours par il était une fois. Cette fois où le noble destrier l'emporta dans son royaume de beauté. Un monde en rose. Un monde qu'aucun ne veut croire. Un monde que beaucoup rejettent. Un monde que certains espèrent. Mais ceci est un monde qui leurs appartient. Un monde qui est siens.

« Forcez mme Bang! Encore un petit effort! »

Quand l'amour l'emporte sur la raison, on l'idéalise souvent comme si c'était la meilleure chose au monde. La jeune paysanne épouse le prince et ensemble, d'une main de fer, ils veillent sur leur royaume de tendresse. De cet union naquit l'ange de leurs prières. Ils n'étaient qu'un homme et une femme, et les voila parents d'un bébé souriant. Ce petit être n'a pas pleuré, il a sourit. Un phénomène rare à la naissance et sûrement un souvenir inoubliable. Su Oh, fut son nom. Doux et attendrissant, il faisait le bonheur de sa famille. Bien que parfois turbulent, il n'a jamais attiré la haine de ses géniteurs. Ils voyaient en lui la perle de leur vie. Une oeuvre d'art peint à deux. L'être le plus précieux. Mais à travers les yeux de cet enfant, ils n'étaient que deux personnes auquel un lien important les reliaient. Celui du sang. Ce que le petiot ignore et que ces parents lui ont bien cachés, c'est qu'il n'était pas le seul fils de la famille Bang. Il a eu la chance d'être choisis lui, celui qui semblait le mieux des deux. Car papa et maman ne voulait pas de second enfant. Alors des jumeaux. C'est ainsi qu'ils ont délaissés le deuxième bébé, refusant de l'accueillir dans leur famille. Suoh ne l'aura jamais apprit par eux.

« Su Oh, fait tes devoirs! Tu as promis à maman d'être un bon garçon ~ »

La voix fluette de sa mère lui indiquait ce dont elle rêvait. Qu'il soit un enfant parfait. Âgé de huit ans, l'enfant ne pensait qu'à une seule chose. Jouer. Il avait l'âge pour cela, il avait les amis pour cela, il avait l'endroit pour cela. Une patinoire. Dès son plus jeune âge, Su Oh a apprit à patiner. Une crosse à la main, le palet glissant sur la glace. Ce garçon était un prodige du hockey. Celui que l'on veut absolument dans son équipe. Papa en était l'entraîneur. C'est lui qui donnait les ordres et qui encourageait le groupe. Quoi de mieux ? Que demander de plus ? Il avait une mère aimante et peut-être un peu trop désireuse. Mais aussi un père compréhensible et amusant. Oui, il avait sa petite vie parfaite. Avec des copains qui partageaient sa passion. Des copains qui étaient toujours là. Ils se serraient les coudes. Ils partageaient leurs bêtises. Que ce soit à l'école ou à la maison, tout allait pour le mieux. Su Oh n'avait rien à envier des autres. Ce n'était qu'un long fleuve tranquille et pour lui, il voyait son adolescence se passer de la même manière. Toujours entourés de ses potes, toujours dans son sport favoris, toujours encouragé par ses parents. Oui, aussi jeune et il voyait son existence des meilleurs.

« Sale gosse! Je vais t'apprendre à me regarder comme ça! Tu crois que je sers plus à rien toi aussi, hein ?! Je vais t'apprendre! »

Quel fut l'élément perturbateur pour que ce conte vire au cauchemar ? Il suffit d'un évènement pour que tout soit chamboulés. Il suffit d'un peu pour que ce beau royaume tombe en morceau. La reine n'est qu'une enveloppe vide, battue par celui qu'elle croyait roi et tout puissant. Il a suffit d'un accident pour que le rêve parte en fumée. Un stupide et malencontreux accident. Su Oh avait douze ans quand son père à envoyé sa voiture dans le décor. Plongé dans le coma pendant plusieurs mois, il en est ressentit infirme. Avec le temps, il pouvait remarcher, courir un court instant mais plus jamais il ne pourrait patiner. C'était la fin de sa carrière dans le hockey. Lui qui en a vécu pendant tant de temps. Il se sentait si minable, si mort. Alors il ne trouvait rien de mieux que plonger dans l'alcool, s'étouffer dans la drogue. Sa femme a commencé à le craindre. Insultée et frappée de jour en jour, la pauvre a vite compris que sa vie était fichue. Sa douce idylle n'était que le reflet d'une immondice. Quant à Su Oh, il ne pouvait même plus regarder son père sans se prendre une gifle. à chaque coup dure, l'homme se défoulait sur lui, il le détruisait à petit feu. Peu à peu, le gamin si vivant devenait le fantôme d'une histoire d'horreur. Son assurance s'envola, sa joie de vie s'évapora. Il avait perdu sa vie qu'il disait si belle, si parfaite. Et ce fut lui qui se mettait à envier les autres. Son reflet dans le miroir lui rappelait seulement ô combien un seul caillou sur une route pouvait tout gâcher. ça montrait aussi les ravages qu'a subit son père avec le temps et les consommations. Des marques de brûlure, des ecchymoses, des cicatrices. Su Oh le sait, ceci restera à jamais gravé sur sa peau, caché derrière ce qu'il nomme "des barrières de protection."

« Prend ton temps, Su Oh. Tu n'es pas obligé de sourire tout le temps. »

à nouveau des mots doux. Comment cela a-t-il pu arriver ? Son père, sa mère... Beaucoup de chose se sont passé en cinq ans. La femme si faible a saisit sa dernière chance, permettant ainsi à son fils d'échapper à ce calvaire. Mme Bang a prit la fuite avec Su Oh, l'emportant loin de ce fou furieux qui fut son époux. Malheureusement, elle était tellement mal que tout est tourné au pire, qu'elle en tombait malade. Le coeur meurtrit, la pauvre dame n'est que l'ombre d'elle-même. Vautrée dans un lit, elle attend que le temps passe et que la mort vienne l'accueillir. Mais cette dernière l'a laissa languir avant de montrer le bout de son nez, la recevant comme une vieille amie. Ainsi, l'enfant se retrouvait seul. Seul dans sa tête, certes. Bien que sa tante lui est offert un toit et des repas. Pour lui, plus rien ne serait comme avant. Il grandit chaque jour dans la peur de voir revenir son père. Il craint la mort qui lui a prit sa mère mais il craint aussi que celle-ci est monté son père contre lui. Désireux d'une vengeance. Su Oh est sûrement devenu parano. Il croit que les bruits de pas dans les couloirs sont les siens. Que l'ombre se profilant sur les murs est la sienne. Il croit que cette respiration contre son oreille lui appartient. Et même à vingt-trois ans, Su Oh pense que son père est toujours après lui. Pourtant, il tente de prendre sur lui. Le sourire aux lèvres, il se dit que rien ne peut être pire. Alors peut-être qu'il pourrait connaître mieux ? Oui. Bien qu'il soit animateur radio et face en sorte d'être le plus heureux du monde. Comme quoi, une image peut tromper beaucoup de personne.

/trucpourcouper/

Su Oh est souvent vu comme un cas particulier d'une espèce en voie de disparition. Un peu comme un animal étrange qui s'éteint aux fils des années. Mais s'il est ainsi, c'est seulement parce qu'il a connu plusieurs facettes à certaines époques. Rare sont ceux qui ont fréquentés un Su Oh purement heureux et innocent. Son sourire sincère et ses courbettes adorables. Sa bonne humeur, comme son envie de constamment jouer ou parler. Un petit bavard qui adorait retracer sa journée dans les détails. Mais aussi un petit garçon qui se disait n'avoir peur de rien, alors qu'au premier bruit dans la nuit, il se cachait sous son lit. Un enfant comme un autre, en quelque sorte. Un enfant qui ne réclamait pas particulièrement l'amour de ses parents. Il l'avait au naturel. Cela faisait partie de lui, de sa vie. Il ne se passait pas un seul jour sans qu'il soit embrassé ou enlacé par son père et sa mère. à ce moment là, Su Oh était classé dans une catégorie banale, celui du môme dans toute sa splendeur, qui plus tard, sera sûrement un leader au grand coeur. Ou bien, un petit arrogant trop bercé par ses parents. Puis il y a la deuxième facette. Celle où son sourire était comme un trésor perdu de l’Atlantide. Celle où le faire rire était l'épreuve la plus hard de la dernière mission d'un jeu. Celle où la tristesse transpirait sur son visage comme s'il avait fait un effort surhumain. Celle où il croyait se cacher derrière des mots comme un "ça va". Un Su Oh renfermé et fragile, qui tremblait jour et nuit à l'entente des cris de son père. Celui qui se cachait sous son lit en claquant des dents. Celui qui fondait en larme en voyant ce regard meurtrier se poser sur lui, ou en écoutant les plaintes de sa pauvre mère. Un enfant auquel on croyaient toutes portes ouvertes, alors qu'elles sont vraisemblablement fermés. Puis vient la troisième facettes. Une certaine délivrance dissimulé derrière la peur. Les mots ne lui viennent plus, il reste dans son coin. Il croit que tout irait mieux mais une seule chose le tient dans le passé. Son père. La crainte le démolit, il en devient fou. Même son lit n'est plus un abri. Même sa mère n'est plus sa forteresse. Doucement, il la voit partir. Doucement, il sait que tout est fini. Même en fuyant sa pire phobie, il comprend que son remède se tarit. Alors il en vient à se murer dans le silence, à pleurer dans le dos des gens. Il craque, s'effrite et tombe en miette. Le soutient ne l'atteint plus. Le réconfort ne l'aide plus. Il se laisse aller à un jeu sombre et malsain, celui d'une grande déprime. Sa mère n'est plus. Puis on entament la quatrième facettes. Celle où il a sut faire un trait et se dire solitaire. Un battant dans l'âme mais un rebelle dans la tête. Il croit battre mont et désert, mais au fond, il se sait seul sur terre. Bien que sa bande soit solide, bien qu'il en soit le caïd... Rien n'est et ne serra comme il veut. Une période de 'je m'en foutisme' où il envoi tout balader. Un période où il traîne tard la nuit pour s'attirer des ennuies. Un enfant si mignon qui devient fripon. Malicieux, taquin, grande gueule, impulsif. Il se cherche et se trouve. Car ce sera sûrement la seule personnalité qui restera ancré en lui comme un bateau amarré à son quai. Bien qu'au travers de certains évènements, la peur le rattrape et le broie. Et dernièrement, la cinquième facette. Celle qui conclut son parcourt jusqu'à maintenant. Celle qu'il croit définitive et qu'il chérit. Un homme aux apparences de gaillard, un homme qui se dit fort et inébranlable. Il aime rire et s'amuser, plaisanter et mépriser. Autant de défaut que de qualité. Il n'est pas parfait mais qui l'est ? Bien que son sourire reste collé à sa face, au fond de lui la terreur se cache. Le noir le terrorise, seulement parce qu'il croit que son père y est planqué. La honte ne l'impressionne plus. Su Oh peut parler comme il veut sans être gêné. Au contraire, il s'amusera des réactions et tentera toujours d'en voir plus. Il se rit parfois des gens mais reste à l'écoute si vraiment c'est nécessaire. Une épaule sur qui pleurer ou se reposer. Bien qu'il soit chiant et pipelet, c'est un garçon divertissant et pleins d'idées. Pourtant, la noirceur le ronge toujours. Que ce soit à travers des soirées douteuses ou à travers un bâton de nicotine.