La famille Han est des plus banales. Un couple qui s’aime, deux enfants fabuleux, une jolie maison. Aucune ombre au tableau, aucun nuage dans les environs, rien que du bonheur. L’enfance de Daniel fut paisible. C’était un garçon discret, timide aussi, toujours caché dans les jupes de sa mère, mais adorable. Il se montra très tôt capable de raisonner d’une manière très logique et à toute épreuve. Il adorait aller à l’école, apprendre de nouvelles choses ou encore faire ses devoirs. Un petit homme extraterrestre dont les parents étaient néanmoins très fiers. Comment ne pas l’être lorsque votre fils est le premier de la classe ? La curiosité le dévorait tellement qu’il désirait toujours en savoir plus, et un jour sa maîtresse ne se trouva plus apte à répondre à toutes ses questions alors pour assouvir ce désir si puissant quoi de mieux que de lire.
Il empruntait des tonnes de livres à la bibliothèque, et c’était même ce qu’il demandait pour cadeaux de noël ou d’anniversaire. Rien ne lui faisait plus plaisir que de recevoir des ouvrages neufs. Il aimait découvrir les temps d’avant, les histoires des autres, ou les fictions. Tout lui plaisait. Il développa bien rapidement un goût prononcé pour les œuvres romantiques et ce grâce à son papa anglais, lui aussi grand lecteur. Ainsi, Shakespeare est son auteur préféré depuis qu’il est en mesure de le comprendre, et cela n’est pas par effet de mode ou parce que cela fait classe. Il est juste fan.

A son adolescence, si perdu entre les pages de ses livres poussiéreux. Il se détacha un peu du monde. Il ne fréquentait personne, ne s’intéressait pas à l’amour ou aux filles, ne sortait que très peu et en fait, il n’aime toujours pas tout ça. Il préfère rester chez lui à étudier. Les jeunes de son âge ne le comprennent pas réellement. Ils ne voient pas ce qui lui plait temps dans les études ni même dans la littérature. Pourtant lui, n’en démord pas. Toutes les personnes qui ont essayé de l’approcher n’ont jamais au grand jamais réussis à percer sa coquille de jeune solitaire. Pourtant, il n’est pas méchant. Juste extrêmement réservé, et méfiant. Il rougit pour un rien, bégaye quand on le met mal à l’aise et du fait de son peu de confiance en lui, ne comprend pas qu’on puisse s’intéresser à sa personne. Ou du moins pour autre chose que pour son physique. Car il a bien conscience de l’effet qu’il produit au près des jeunes filles, mais bizarrement, cela ne lui fait rien et il s’en fiche. Il a cependant bien compris que ce n’est pas sur elles qu’il peut compter. Quant aux garçons, ils le trouvent bien trop efféminé pour voir en lui un bon copain. Alors il reste seul, et il apprécie cette solitude.
Daniel n’a ressenti qu’une unique fois de l’attirance pour quelqu’un, et encore, il n’arrive toujours pas à interpréter cela. Durant ses années de lycées, il a un jour eu un professeur de littérature jeune mais surtout brillant. Daniel en était suspendu à ses lèvres, il ne prenait même pas de notes. Il l’écoutait juste. Seulement, on sait tous qu’une telle relation est impossible. Malgré la bonne entente, leur relation étrangement fusionnelle et ambiguë, il ne se passa rien, car ni l’un ni l’autre ne voulait avoir des ennuis. Pour le soi-disant bien de Daniel, le jeune enseignant quitta son poste pour un autre, afin qu’ils ne puissent plus se voir. Un déchirement pour Daniel qui vécut cela comme un abandon.
Avec le temps, il tenta d’étouffer cette douleur et réussit. Seulement, il ne voulait plus entendre parler d’amour. Le bref échantillon qu’il avait reçu fut si décevant. Il se ferma encore plus suite à cela, et à présent avoir une discussion avec lui est difficile mais pas impossible si l’on a beaucoup de volonté.

Il était heureux malgré tout, jusqu’à cette fameuse année. Cette terrible. Celle de ses dix-huit ans. Il perdit ses parents dans un accident d’avion et comme si Dieu s’acharnait sur lui, son frère trouva la mort en percutant un camion alors qu’il venait le récupérer au lycée. Depuis, Daniel ne vit plus dans la réalité mais uniquement dans ses rêves là où il peut retrouver ses parents. Même s’il ne devrait pas, il se pense coupable de tout cela et surtout il regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec eux, de ne pas avoir été plus proche d’eux. S’il avait su, il aurait fait des efforts, oui mais avec des « si » on refait le monde.
Un jour, alors qu’il était dans la rue, un terrible orage s’empara de la ville. C’était si terrible. Tellement violant. Il n’en avait jamais vu un d’aussi terrifiant. Et au moment où il sortit son téléphone pour appeler sa grand-mère, il fut foudroyé par la foudre. Depuis, plus rien n’est normal. La fatigue, les nausées, les vomissements. Après tous les différents traitements, rien ne s’arrangea. Daniel se résigna à vivre avec ça, pensant que ce n’était que le contrecoup de la foudre qui devait avoir bousillé son organisme. Seulement, des choses bizarres commencèrent à se produire. Dès qu’il touchait quelqu’un, un étrange flash lui venait. D’abord, c’était court et flou. Puis à mesure cela devin plus clair. Il se rendit aussi compte que ça l’affaiblissait et comme il était loin d’être un imbécile, finit par réaliser que ce qu’il voyait, c’était le passé des gens.